10 bonnes raisons de manger bio!

Le 7 décembre dernier, M. Yves Gagnon, conférencier, cultivateur et écrivain, a fait une conférence sur l’alimentation biologique. Votre épicerie santé croit qu’il est important de partager son document.
Bonne lecture!

Dix raisons pour manger bio
Par Yves Gagnon
Texte écrit en collaboration avec André Fauteux, éditeur du magazine La maison du 21e siècle.

Fortes d’un chiffre d’affaires annuel dépassant les 200 milliards de dollars générés par la vente d’engrais et de pesticides de synthèse1, les sociétés agrochimiques — principalement Monsanto, Bayer, Dupont, Syngenta, BASF et Dow Chemical — font tout en leur pouvoir pour maintenir en place un système de production alimentaire qui sert leurs intérêts. Pourtant, la littérature scientifique objective et indépendante démontre clairement que l’agriculture biologique comporte une multitude d’avantages pour la santé des humains et celle de la planète qui les abrite et les supporte!
Voici donc une synthèse des connaissances colligées au fil du temps sur la qualité biologique.

1 – Moins de résidus de pesticides
Les aliments biologiques recèlent des résidus de pesticides à l’état de traces alors que les aliments industriels en sont la plupart du temps significativement contaminés. Les pommes, les pêches, les nectarines, les fraises, les raisins, les céleris, les épinards, les poivrons, les concombres, les tomates cerises, les pois importés, les pommes de terre, les piments, les kales et les collards étaient dans cet ordre en septembre 2015 les aliments industriels qui en contenaient le plus selon le site www.ewg.org/foodnews/ mis en ligne par l’organisme américain Environmental Working Group. Un autre site www.whatsonmyfood.org publié par l’organisme américain Pesticide Action Network donne pour la plupart des légumes les pesticides décelés par les analyses les plus récentes du Département de l’agriculture américain et les principales conséquences de leur consommation sur la santé humaine.
L’Agence de protection de l’environnement américain (EPA) reconnait que 112 types de pesticides enregistrés aux États-Unis sont identifiés comme étant cancérigènes ou susceptibles de l’être. Des liens sont établis entre la présence de pesticides dans l’environnement et l’augmentation des risques de cancers du cerveau, du sein, de l’estomac, de la prostate et des testicules, ainsi que de leucémie infantile. Plusieurs pesticides chimiques sont d’importants perturbateurs endocriniens : jouant sur nos hormones, ils peuvent provoquer des effets en cascade sur notre système immunitaire — allergies — notre système reproducteur — problèmes de fertilité — mais aussi sur notre humeur et même nos facultés intellectuelles. L’EPA estime que les pesticides appliqués sur les aliments pouvaient causer jusqu’à 60 000 cas de cancer par année uniquement aux États-Unis. On trouve plus de détails dans son livre The Safe Shopper’s Bible.
Dans son livre Pesticides, Le piège se referme, l’auteur François Veillerette relie les pesticides à différentes formes de cancer (estomac, prostate, vessie, cerveau, lymphome non hodgkinien), à la maladie de Parkinson, à la perturbation du système endocrinien, à la baisse de fertilité masculine et à au dysfonctionnement du système immunitaire caractérisé par une hausse des cas d’allergie et d’asthme, de plus en plus fréquents chez les enfants.
Une étude publiée dans le magazine scientifique Pediatrics soutient que les enfants exposés à des concentrations importantes de pesticides organophosphorés dans leur alimentation doublent leur risque de souffrir de troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). L’étude a été menée auprès de 1 139 enfants de huit à quinze ans. Selon l’Académie américaine des sciences, la principale source d’exposition des enfants aux pesticides est l’alimentation. Elle peut donc être en grande partie évitée en optant pour une alimentation biologique, comme le démontre à son tour une étude publiée dans Environmental Health Perspectives. Dans le cadre de cette recherche, des scientifiques ont mesuré les résidus de pesticides organophosphorés présents dans l’urine d’enfants américains âgés de trois à onze ans. Lorsque les enfants étaient nourris avec des aliments conventionnels, des résidus de pesticides étaient détectables dans 91 % des échantillons d’urine. Cinq jours après que ces enfants soient passés à une alimentation principalement biologique, les résidus de pesticides dans leur urine s’avéraient non détectables ou quasi non détectables.
Par ailleurs, des analyses réalisées en France pour le compte de la revue Les Quatre Saisons du jardinage indiquaient qu’une mère qui consomme 80 % d’aliments biologiques ou plus dans son alimentation aura trois fois moins de résidus de pesticides organochlorés dans son lait qu’une mère qui en consommerait moins de 40 %.

2 – Une valeur nutritive supérieure
Une multitude de recherches scientifiques indépendantes prouvent que les produits biologiques détiennent une meilleure valeur nutritive que les aliments issus de l’agriculture industrielle. Voici quelques faits qui confirment cette réalité.
Les aliments biologiques recèlent des taux de magnésium plus élevés ainsi qu’une plus grande présence d’oligo-éléments. On observe régulièrement dans les aliments industriels des carences en zinc, en bore, en iode, en cuivre et en fer. Diverses études font état de taux élevés de nitrites cancérogènes dans les aliments industriels, fertilisés avec des doses massives de nitrates, lesquels se transforment en nitrites après la récolte. Dans son livre L’agriculture biologique — Pourquoi et comment la pratiquer, l’ingénieur agronome Claude Aubert relatait déjà dans les années 80 que des épinards fertilisés avec 160 kg d’azote à l’hectare — dose courante en agriculture industrielle — recelaient, quatre jours après la récolte, des taux de nitrites 50 fois plus élevés que ceux observés dans des épinards cultivés naturellement.
La diététique moderne reconnait l’importance des substances bioactives présentes dans les fruits et les légumes pour prévenir le cancer et les maladies dégénératives et cardiovasculaires. Citons le lycopène, les polyphénols, les glucosinolates, les anthocyanines, les phytostérols, les sulfides et les flavonoïdes, pour ne nommer que ceux-là. Or, de nombreuses études, rapportées notamment par l’AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation), démontrent que les aliments biologiques en contiennent davantage. Claude Aubert citait dans un article publié dans Les Quatre Saisons du jardinage intitulé « Manger bio protège-t-il du cancer ? » une étude danoise de Grinder-Petersen qui relatait « […] qu’avec un régime alimentaire par ailleurs rigoureusement identique, les quantités de polyphénols absorbés et celles présentes dans les urines étaient nettement plus élevées lorsqu’ils mangeaient bio que lorsqu’ils mangeaient conventionnel. ». Une autre étude danoise révélait que les légumes biologiques recèlent davantage de flavonoïdes, un puissant antioxydant2.». Des études menées par le docteur Henri Joyeux, professeur de cancérologie à la faculté de médecine de Montpellier, indiquent que les tomates biologiques contiennent davantage de vitamine C, de bêta-carotène et de lycopène protecteur. Enfin, une étude menée par l’Université de Californie a démontré que des kiwis biologiques recelaient des taux plus élevés de polyphénols et de vitamine C que des kiwis non biologiques3.

3 – Une plus grande vitalité
L’agriculture biologique collabore avec la vie. Il en résulte des aliments dont l’indice de vitalité est plus élevé. Les fruits et légumes frais, biologiques et crus, tout comme les jus frais pressés à l’extracteur ainsi que les pousses et les germinations disposent de la plus grande vitalité, selon la biochimiste Line Tremblay qui explique que « La vitalité d’un aliment est fonction de son contenu enzymatique, de son potentiel à générer la vie et à régénérer le potentiel énergétique de l’organisme qui le consomme. En somme, c’est sa vigueur, son intensité de vie, l’énergie qu’il possède et peut transmettre à son tour. ».
Même si la vitalité n’est pas considérée comme un facteur de qualité des aliments par les nutritionnistes et les membres de l’industrie agroalimentaire, elle joue un rôle fondamental sur notre propre vitalité et sur notre fonction immunitaire. Pensez aux milliards de milliards de micro-organismes qui évoluent dans une terre non traitée chimiquement. Ils transmettent aux fruits, aux légumes et aux herbes cette force vitale qu’ils nous communiquent à leur tour.
On peut notamment évaluer la vitalité d’un aliment par la mesure de son taux de germination. Si on fait tremper des grains de blé dans l’eau pendant 24 heures et qu’on les égoutte, la radicule fera son apparition de 24 à 36 heures plus tard. Le grain germe. Le blé est vivant, sa vitalité bien réelle.
On peut aussi mesurer la vitalité d’un aliment à sa conservation. Pour retarder la détérioration des fruits et des légumes industriels, on a de plus en plus recours à des traitements comme l’irradiation, la fumigation ou le cirage.
L’énergie vitale des aliments peut être illustrée grâce à l’électrophotographie de type Kirlian, du nom de l’ingénieur russe Semyon Kirlian. En 1939, celui-ci a accidentellement photographié les décharges électriques — l’effet couronne — émises par une personne recevant un traitement médical d’un générateur de haut voltage.
Le documentaire The Beautiful Truth, qui date de 2008 présente des photographies Kirlian faites par une équipe de scientifiques qui démontre que des aliments produits selon les critères de l’agriculture biologique recèlent la plus grande vitalité comparativement à des aliments industriels.
Enfin la cristallisation sensible permet d’évaluer la vitalité d’un aliment. La technique consiste à diluer une substance vivante (par exemple un échantillon de sang, de carotte ou de laitue) dans de l’eau, puis d’y ajouter une solution de cuivre ; on obtient, lorsque l’eau s’évapore au bout d’une dizaine d’heures, une image :« […] lorsque le produit est frais, en santé comme une laitue qu’on vient de cueillir dans son jardin, l’image se construit habituellement à partir d’un point décentré qui se projette en une double vacuole faite d’une série de stries plus ou moins arrondies et rayonnantes. Moins il est frais — plus la laitue se dégrade — plus l’image présentera des rosettes et des croix de forme irrégulière4. » Des études similaires conduites par des chercheurs de l’Institut de recherche sur l’Agriculture biologique de Frick, en Suisse, ont démontré que l’indice de vitalité de pommes biologiques était de 65,7 % plus élevé que celui de pommes industrielles.

4 – Absence d’OGM
Il est interdit, en agriculture biologique, de cultiver des aliments modifiés génétiquement, ce qui nous garantit, lorsque nous mangeons des aliments biologiques, l’absence d’organismes génétiquement modifiés (OGM). Quelque 180 millions d’hectares ont été établis à l’échelle de la planète avec des plantes transgéniques en 2015 ce qui représente 3,7 % des surfaces agricoles totales. La presque totalité des OGM sont des plantes à pesticides : 62 % sont tolérantes à un ou à plusieurs herbicides, 16 % produisent des molécules insecticides et 21 % tolèrent un ou plusieurs herbicides et produisent des molécules insecticides. Leur culture maintient en place un système de production qui repose sur les pesticides que produit l’industrie, sans compter l’impact désastreux qu’ont sur la biodiversité les plantes insecticides, dont toutes les cellules produisent en permanence des molécules toxiques — Bacillus thuringiensis ou Bt — qui affectent la survie des papillons, des oiseaux et des abeilles.
Depuis le début des cultures commerciales transgéniques en 1996, les ventes mondiales du Roundup de Monsanto ont été multipliées par 15. Le glyphosate, l’ingrédient actif de l’herbicide, même à des doses extrêmement diluées, « programme la mort cellulaire en quelques heures, par les dommages qu’il cause aux membranes et à l’ADN et parce qu’il entrave la respiration cellulaire.5 » Il a aussi été démontré que le glyphosate pouvait perturber la division cellulaire. Or tous les cancers ont comme origine un problème de division cellulaire. D’ailleurs le Centre de recherche international sur le cancer (CRIC) vient de classer le glyphosate comme étant « probablement cancérogène ».

Where in the World are GM Crops and Foods?


www.vigilanceogm.org
http://www.criigen.org/

5 – Protection des cours d’eau et des nappes phréatiques
L’agriculture industrielle, avec ses pesticides, ses engrais solubles et ses lisiers liquides, constitue la principale source de pollution de l’eau, alors qu’avec l’agriculture biologique, en raison de la nature moins soluble et moins polluante des produits utilisés, les cours d’eau sont protégés.

6 – Protection de la biodiversité
Par ses cultures diversifiées, ses techniques de rotation et de cultures associées, l’agriculture biologique crée des milieux riches, diversifiés et accueillants pour la faune indigène. Le non-recours à des OGM et à des pesticides de synthèse protège les micro-organismes, les insectes, les papillons, les oiseaux, les batraciens et les mammifères.

7 – Production de terre arable
Alors que l’agriculture industrielle a fait perdre aux sols canadiens plus de 50 % de sa matière organique depuis les années 1960, les techniques de fertilisation biologique permettent de produire 1,5 cm de terre arable en cinq ans6.

8 – Économie d’énergie et réduction de l’effet de serre
Les fermes biologiques sont souvent de dimensions réduites et moins mécanisées. Elles seraient jusqu’à plusieurs fois plus productives à l’acre7 sur le plan énergétique. Il importe de savoir qu’il faut deux tonnes de pétrole pour produire une tonne d’azote, qu’on emploie régulièrement en agriculture industrielle à raison de 150 kg/ha8. Par ailleurs, il est acquis que l’agriculture industrielle est responsable de plus de 10 % des émissions totales de gaz à effet de serre au Québec9. L’agriculture biologique, grâce aux taux de matière organique plus élevés qu’elle engendre, triple la séquestration de carbone par rapport à l’agriculture industrielle.

9 – Une meilleure saveur
Plusieurs grands chefs, dont Normand Laprise, s’entendent pour dire que le goût des aliments biologiques est supérieur. Ils font d’ailleurs souvent meilleure figure dans les tests comparatifs. Vous n’avez qu’à goûter pour vous en rendre compte! Cette supériorité gustative des aliments biologiques repose sur leur meilleur équilibre minéral exposé au point 2. Dans des tests effectués en laboratoire, même les rats ont préféré des betteraves biologiques aux betteraves industrielles. 10

10 – Appui moral et économique envers des producteurs engagés
Les producteurs biologiques sont souvent de sympathiques rebelles, la plupart du temps laissés à eux-mêmes, sans grand soutien gouvernemental. Ils méritent votre encouragement!

En conclusion, si vous trouvez le coût des aliments biologiques trop élevé, dites-vous que plus il y aura de production, meilleurs seront les prix! D’ailleurs si vous lisez les circulaires des marchands, vous constaterez que les produits biologiques sont souvent vendus à prix compétitifs ou, parfois même, moins chers que les aliments industriels.
Pour maintenir votre équilibre budgétaire, vous pouvez réévaluer vos priorités, par exemple, en réduisant votre consommation de viande, de croustilles et d’alcool. Vous pouvez aussi encourager des fermiers de famille en participant à un projet d’agriculture soutenue par la communauté (ASC). Mieux encore, pourquoi ne pas cultiver votre propre jardin?

Sources
1— Selon BCC Research 2015
2— Étude menée par le ministère de l’Alimentation du Danemark et l’Université royale d’Agriculture.
Source: IFOAM 2003.
3— AMODIO, Ml, COLELLI, G. et al, « A comparative study of composition and postharvest performance of organically and conventionally grown kiwifruits. » Journal of the Science of Food and Agriculture. Passeport Santé. 2007.
4— GRAVEL, Jean-Pierre. Centre national de la recherche scientifique, Clermont-Ferrand. Cité par Michel Bélair dans Humus # 26. 1989.
5— SÉRALINI, Gilles-Éric. Tous cobayes. OGM, pesticides, produits chimiques. Flammarion. 2012. p.35.
6— MEADOWS, Donella H., Ph. D. « Our Food, Our Future », Organic Gardening, septembre 2000, p. 55.
7— MEADOWS, Donella H., Ph. D. « Our Food, Our Future », Organic Gardening, septembre 2000, p. 59.
8 — AUBERT Claude. L’agriculture biologique, Pourquoi et comment la pratiquer. Le courrier du livre, 1977, p. 91.
9 — GROLEAU, Stéphane. « L’agriculture a des gaz! », Bio-Bulle, janvier/février 2007, p. 17.
10 – OUELLET, C. « L’agriculture biologique. Une meilleure qualité nutritive? », Bio-Bulle, septembre 1999, p. 32.

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